CVM – Session 2 – La cabane au bord des bois

Précédemment, dans Chroniques d’un Vampire Millénaire…

Récemment transformé en créature buveuse de sang, Valentin a fait de son père la première victime de sa nouvelle condition. Voulant participer aux battues à sa recherche afin de donner le change, avec d’autres membres du village, il transmet accidentellement sa malédiction à la belle Louise. Ensemble, ils créent d’autres victimes, et Louise le haït désormais pour ce qu’il a fait d’elle.


Et maintenant…

Lancer de dés : 5:4. Progression : 1

Amorce 2-1 : « Horrifié par votre nouvelle nature, vous vous retirez de la société. Où vous cachez-vous ? Comment vous nourrissez-vous ? Créez une Ressource immobile où vous vous réfugiez. »

Le remord est une chose curieuse. Ou est-ce mon sens moral ? Je n’avais pas éprouvé tant de crainte après avoir dévoré mon père. J’ai rapidement assimilé ma nature, sur le moment. Quelque chose que je suis devenu. Je suis devenu plus fort. Ceux qui me menacent devront désormais prendre garde. Je me suis senti puissant, pour la première fois de mon existence.

Mais ce que j’ai fait à Louise m’a changé. Ma force, ma puissance, ma condition est une chose. Que cela puisse se transmettre, en est une autre. Quand j’ai vu Louise se jeter ainsi sur l’homme, aspirer son sang comme une bête enragée, je l’ai vu avec des yeux que je ne pouvais porter sur moi-même. Elle est devenue un monstre. Un monstre qui aura toujours une rancœur mortelle à mon encontre pour ce que j’ai fait.

Et si cela se reproduisait ? Si, après Louise, ce serait mes chers frères et sœurs que je contaminasse avec cette malédiction ? S’ajoute à cela mon indisposition à la lumière du soleil, tout juste la tolère-je à l’ombre. On aura tôt fait de se poser des questions sur les récentes victimes. Que mon attitude soit anormale. Et peut-être que Louise, dont la beauté n’a égale que la force de sa foi, viendrait à confesser au père Damien ce qui s’est réellement passé.

Je n’ai pas pu prendre plus de risques. Le reste de ma famille pourrait en subir les conséquences si j’étais découvert. Qui sait, un grand bûcher familial pour chasser les démons ? Non, je ne peux courir le risque. Alors je suis parti. En pleine nuit. J’ai marché, marché, et marché à travers les bois. Je suis passé par des terres que je n’avais jamais connu auparavant. Au loin, au sommet de la colline qui surplombe la région, le château de de Roche semblait porter un regard jusqu’à moi.

Le petit matin commençait à poindre, et j’avais l’impression d’avoir atteint le bout du monde, quand j’ai atteint une petite cabane dans une plaine dégagée. J’ai voulu approcher prudemment, pour me renseigner sur mon chemin. Mais le vieil homme que j’ai trouvé assis sur sa chaise, dont je distinguais mal les traits de nuit, n’avait en réalité plus que la peau sur les os. Il semble être mort, depuis plusieurs jours à voir combien ses traits sont creusés…

J’ai inspecté sa modeste demeure. Si personne n’est venu le chercher, c’est visiblement qu’il y vit seul. Et à juger du petit enclos en contrebas et les quelques moutons qui s’y trouve, sans personne à la ronde, il devait s’agir d’un bien vieux berger.

Dieu a t-il pris pitié de moi pour mettre cet homme sur ma route ? Pour m’offrir un toit loin des hommes et des risques qu’ils apportent ? Ou le diable lui-même a t-il pris l’âme de ce pauvre hère afin de me soustraire au feu chrétien ? Le père Damien aurait peut-être pu me guider là-dessus… J’ai décidé d’enterrer l’homme et de dire quelques mots en son nom, comme j’ai vu le prêtre le faire à plus d’un enterrement. Je ne comprends pas bien les mots sacrés qu’il utilise en latin, mais j’espère que l’intention suffira pour qu’il trouve le repos.

J’ai fini par décider de m’installer en ce lieu. Un repaire, pour me reposer le jour, et un point de départ pour les nuits. J’ai décidé de laisser tranquille les moutons pour l’heure, mais la soif de sang s’est refaite violente par moment. En cherchant une proie dans la forêt, j’ai découvert que le sang animal pouvait combler quelque peu ma soif, même si elle n’est qu’un pitoyable ersatz de la chaleur et de la paix que m’apporte le fluide humain. Chaque fois que je bois davantage de ce sang animal, d’un loup, renard, ou même ours qui passe sur mon chemin sans savoir que mon cri les étalent s’ils s’approchent de trop, cela ne fait que m’aider à survivre tout en renforçant mon besoin de me nourrir… pour de bon. Combien de temps pourrais-je ainsi tenir ce besoin brûlant dans mon corps ?

Lancer de dés : 7:4. Progression : 3

Amorce 5-1 : « Vous assassinez une personne que vous aimez ou respectez plutôt que la laisser vous dénoncer. Tuez un personnage. Cochez une compétence. Si vous n'avez aucun personnage vivant, ne tuez personne et créez un personnage aimé mortel que vous avez trahi. »

« Je t’ai enfin retrouvé. » C’est ainsi que Louise m’a salué, alors que je cherchais une nouvelle proie dans les bois. Il n’y avait aucune chaleur, aucune émotion dans sa voix. Elle me regardait d’un air lourd de reproche.

Elle a craché sur moi son venin, toute la haine du monde qu’elle éprouvait à mon égard. Le monstre que j’étais, et ce que j’avais fait d’elle. Elle voulait la rédemption, le salut, mais elle pensait qu’elle ne pourrait pas en parler au père Damien sans risquer d’être brûlée par ce fanatique. Elle a alors eu une idée : si elle trouvait celui qui l’a rendu ainsi, et qu’elle le livrait au village, elle aurait une chance, une petite chance, qu’on y voit là un acte de rédemption et qu’on l’exorcise de ce mal.

J’ai tenté d’expliquer à Louise que cela ne pourrait jamais se faire. Que ma famille pourrait être prise pour cible, qu’ils paieraient pour mes fautes. Louise n’en a eu que faire. Est-ce que sa grande beauté a toujours caché un cœur si glacial, ou est-ce sa nature monstrueuse qui l’a changé ainsi ? Elle continuait de dire qu’elle allait au village, et que soit je venais à me rendre et subir le jugement divin, soit elle appellerait les villageois à courir après le démon.

De mes paroles, elle hurlait. De mes questions, elle crachait. De mes suppliques, elle riait. Rien de ce que je pourrais dire ou faire ne semblait importer face à mes paroles.

Je me suis demandé si Louise était aussi menaçante et hautaine parce que, comme moi, elle avait ressenti tout le pouvoir qui accompagne cette malédiction, et qu’elle n’avait plus à craindre homme ou bête pour obtenir ce qu’elle voulait. Elle n’envisageait même pas que je puisse être à sa hauteur, voire supérieur. Elle aboyait ses ordres.

Elle ne se serait jamais tue. Elle n’aurait jamais renoncé. Alors je l’ai tué.

L’affrontement s’est passé en un instant. Elle n’était venue qu’avec ses poings et ses dents. J’ignore si elle avait, comme moi, ce cri incroyable pour faire chuter mes proies. Toujours est-il qu’elle n’en a pas fait usage, mais moi si, une fois suffisamment proche d’elle. Cela n’a pas suffit à l’assommer, mais elle fut assez perturbée pour que j’assène un coup de mon bâton sur sa nuque. Un coup puissant, et ferme, dont j’entendis à l’impact un craquement d’os. Le choc fut tel que j’en eu les bras engourdis.

Elle s’est effondrée, sur le sol de la forêt. Je me suis assis, et je l’ai regardé pendant tout le reste de la nuit. Puis j’ai lutté contre le sommeil pendant toute la journée, à l’ombre de ma maison, en ayant retiré sa robe et laissé son corps nu au soleil. Sa peau rougissait, noircissait, finissait par émettre des odeurs étranges, mais elle ne se releva pas.

Quand vint la nuit, je me décidais à l’enterrer. J’ai choisi un lieu à l’écart, loin du vieil homme. Je ne voulais pas risquer que sa dépouille ne soit contaminé par le mal qui nous rongeait, Louise et moi.

Ainsi je fus débarrassé de la seule personne qui pouvait connaître mon secret. Et ce fut moins un déchirement que je l’aurais cru. Je portais tellement d’amour à Louise… Pourquoi éprouvais-je à peine des regrets ? Peut-être parce que je savais qu’elle était devenue un monstre, et plus la femme que j’ai aimé. Peut-être parce que je suis devenu un monstre, et que mes sentiments ne sont plus ceux d’un enfant de Dieu.

Lancer de dés : 9:6. Progression : 3

Amorce 8-1 : « Vous êtes reconnu pour ce que vous êtes par une autre créature semblable à vous. Créez un Personnage immortel, perdez une Ressource et gagnez une Compétence. Qu'avez-vous perdu pour lui ? »

Il dit s’appeler Robert, et il vient d’Amboise. J’ai croisé sa route alors que je chassais une proie dans la forêt. Juché sur son cheval, il affirme avoir senti ma présence à plusieurs lieues de distance. Quelque chose en lui lui permet de percevoir les nôtres sur de grandes distances, et il connaît déjà l’odeur d’Henri de Roche. Mais la mienne, « d’odeur » comme il dit, lui est inconnu, et la curiosité l’a poussé à venir me voir.

Robert est âgé de plusieurs siècles. C’est en tout cas ce qu’il raconte, alors que je suis étalé au sol, le corps trop douloureux pour me relever. Mon premier réflexe, une fois qu’il est descendu de cheval, fut de l’attaquer de mon bâton. Mais sa science du combat lui a permis de m’étaler en un rien de temps. Il a ajouté qu’il me pardonnait, qu’à « mon odeur » j’étais encore une sangsue toute jeune. Sangsue, c’est ainsi qu’il appelle ceux qui partagent cette malédiction.

Robert a beaucoup parlé. Il doit aimer s’entendre parler, même s’il prétend vouloir m’éduquer sur notre condition. Il ne craint pas Dieu, affirmant que nous nous élevons au-dessus des hommes. Je ne partage pas cette vision des choses, mais je me garde bien de le dire. Je lui demande quelles sont nos faiblesses en revanche, qu’est-ce qui pourrait me tuer. Selon lui, la plupart des maladies ne me feront rien, et l’âge ne viendra jamais m’emporter. Il prétend qu’avec le temps, nous devenons plus forts, plus résistants, plus durs à détruire. Le soleil nous rend faible, et nous ne devons pas surestimer nos capacités face aux mortels. Robert dit avoir déjà vaincu un groupe d’une vingtaine d’hommes à lui seul par le passé. Je lui ai demandé si un bâton serait une arme mortelle pour une sangsue. Cela l’a fait rire, d’après lui cette piètre arme n’aurait aucun risque de faire de vrais dégâts, et encore moins mortels. Sauf, peut-être, auprès d’une très jeune sangsue que le don du diable n’a pas encore eu le temps de renforcer. Il faudrait que je me montre prudent pendant quelques années.

Nous avons échangé ainsi pendant quelques jours. Il est capable de faire un jeun de sang pendant des jours, mais méprise mon besoin de me nourrir d’animaux. Il ne compte pas rester, ni m’inviter à le suivre. Je soupçonne, dans les discussions qu’il mène, qu’il a surtout besoin de parler avec quelqu’un qui n’aura pas la frousse à savoir ce qu’il est.

Il s’est cependant aussi montré intransigeant. Sans prévenir, il a arraché de force la croix que je portais en pendentif et l’a jeté au loin, en affirmant que Dieu ne pourrait plus rien pour moi, et que je devais désormais vivre mon existence sans lui. Cela m’a profondément choqué, mais je commence à comprendre ce qu’il veut dire. J’ai résisté à la tentation de récupérer ma croix dans son dos. Si je dois être damné, alors que je puisse tracer mon propre chemin désormais.

Voyant mon air contrarié, Robert a proposé de me changer les idées en m’apprenant à monter à cheval. J’en ai ri, expliquant que même des siècles d’existence ne me permettrait pas de m’offrir une monture, surtout à mener désormais une vie solitaire dans la forêt. Il a répliqué que je devais désormais toujours envisager ma vie sous un angle différent de celui que ma vie de mortelle me condamnait à subir. Qu’apprendre à monter à cheval me permettrait de parcourir le monde, libre, et faciliter mes fuites. Et qu’enfin, je n’avais pas besoin de rassembler de l’argent pour m’offrir un cheval : celui sur lequel il m’appris l’art de l’équitation, il l’avait volé quelques jours plus tôt au château de de Roche.


Progression de la chronique

Souvenirs :

L’enfer pour avenir
─ Mes regards et mes soupirs insistants à la vue de Louise ne passent pas inaperçu aux yeux du père Damien ; il me fait vivement la leçon et me conte la menace de l’enfer éternel

Sauvetage de chevalier
─ Je viens au secours de François de Vilanouin, chevalier errant blessé ; je lui panse les plaies avec des herbes médicinales locales, il me récompense d’un écu d’or.

Moi, vampire
─ J’ai été amené devant le seigneur de Roche, ignorant que je serais le dernier d’une longue lignée de sacrifices pour son appétit diabolique ; je me suis réveillé abandonné dans la forêt face à un ours, et un cri de terreur de ma part l’a fait fuir en grondant de douleur.
─ J’ai tué mon père dans mon nouvel état, assoiffé de sang ; j’ai caché son cadavre dans la forêt
─ J’ai transformé Louise en vampire par accident alors qu’on cherchait le corps de mon père

Frappe au bâton
─ Je me retrouve encerclé par un groupe de loups en cherchant des baies dans la forêt ; mon bâton de marche parvient à les repousser jusqu’à ce qu’ils abandonnent, frappant vite et bien.
─ J’ai affronté Louise à mort pour qu’elle ne révèle pas mon secret. Mes coups de bâtons peuvent même éliminer une créature surnaturelle comme moi, bien manié.

Un nouveau foyer
─ J’ai fui mon village et ma famille pour vivre loin des hommes ; je me suis installé dans une bâtisse à l’écart de tous sans propriétaire
─ Robert d’Amboise a cohabité avec moi quelques jours dans cette modeste demeure ; il m’a appris beaucoup de choses sur notre condition, et également à monter à cheval

Origines
─ Je suis Valentin, fils de paysan du royaume de France au XIIIème siècle ; J’aide mon père aux champs en compagnie de mes frères.

Journal :

Personnages :

Henri de Roche, le seigneur local et un vampire ; on le dit si cruel qu’il ne vivrait pas dans la crainte de Dieu

Père Damien ; Curé local inflexible

Louise (immortelle) ; La plus belle fille du village, désirée de tous ; Depuis que je l’ai transformé en vampire, elle me voue une haine féroce

Robert (immortel) : un vampire dur mais jovial qui cherche la compagnie ; il m’a fait confiance du fait de mon jeune âge et appris diverses choses sur l’existence vampirique

Compétences :

Connaissance des plantes sauvages

Maniement du bâton

Cuisine rustique

Assoiffé de sang

Honteux

Équitation

Ressources :

Un bâton de marche solide

Un écu d’or

Un petit crucifix grossier en bois en pendentif

Une bâtisse de bois en bordure de plaine et d’une forêt

Marque :

Crier à plein poumons peut littéralement percer les tympans de ceux qui m’entourent jusqu’à les faire sombrer dans l’inconscience


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