CVM – Session 1 – Et que l’aventure commence

Précédemment, dans Chroniques d’un Vampire Millénaire…

Valentin, fils de paysan vivant en France au XIIIème siècle, a été appelé à la demeure de Henri de Roche, le seigneur local. Il se réveille en pleine nuit, seul en forêt, alors qu’il allait se faire attaquer par un ours. Un cri perçant poussé par Valentin fait fuir la bête de douleur. Il commence à percevoir que quelque chose n’est pas normal en lui.


Et maintenant…

Amorce 1-1 : « Dans votre soif de sang, vous assassinez un proche. Tuez un Personnage mortel. Créez un mortel si aucun n'est disponible. Prenez la Compétence Assoiffé de sang. »

J’ai un terrible mal de tête. Une douleur lancinante, qui vient du fond de mon cerveau. Un son léger mais pressant, comme la pointe d’une lame qui frotterait sur une serpe. Qu’est-ce que je fais là ? Je me souviens… La demeure du seigneur de Roche… L’invitation à souper avec lui dans ses quartiers… Pour quelle raison pareil honneur ? Je me souviens… M’être senti un peu mal. Et de Roche qui s’approche de moi. Je me souviens… Cette douleur, il me mord au cou… Je sens mon sang couler, j’ai peur, je veux partir, mais je ne peux plus bouger. Et là… Tout sombre dans les ténèbres. Je me souviens… Rien, rien de plus. De Roche m’a mordu, et… Je suis là.

Je ne comprends rien. Qu’importe. Je prends le chemin vers le village. En regardant le ciel, la lune… C’est sans doute par ici. Je repère le chemin, marchant d’un pas assuré malgré le bruit dans ma tête. Ce n’est pas une nuit de pleine lune, et pourtant la forêt est étonnamment aisée à parcourir, tout semble si clair, presque comme en plein jour. Je presse le pas pour éviter de tomber sur un prédateur, et je finis par retrouver l’orée du village après un peu de marche.

Tout est silencieux, si ce n’est le bruit de quelques animaux nocturnes. J’approche de notre demeure, et vois alors mon père sortir de la maison. Il part s’éloigner quelque peu… Je comprends vite qu’il doit satisfaire aux besoins de la nature. J’ouvre la bouche pour l’appeler, parler de mon état, mais aucun son ne sort. J’ai juste la gorge sèche. Si sèche, soudain… Le voile noir tombe sous mes yeux. Je me sens tellement las… Tellement fatigué…

Je finis par me remettre d’aplomb. Je sens dans ma bouche couler le liquide chaud, chargé d’énergie, que j’ingère sans réfléchir. Il a un coup de métal, le même goût de quand je lèche les jus restés collés sur ma lame de couteau. Je sens un battement dans ce liquide, la vie qui s’échappe et termine dans mon gosier. J’entends un faible gémissement, distinctement. Le mal de tête n’est plus là, les bruits stridents à mes oreilles se sont tus.

Je repousse mon père avec horreur. Cet homme, cette montagne, qui m’a toujours inspiré crainte et méfiance de par les trognes qu’il m’a toujours infligé pour éducation, est laissé là inerte au sol. De sa gorge s’échappe encore un filet de sang de par la trace de morsure que je lui ai infligé. Et je réalise alors que ma tunique est couverte du sang de mon père.

Qu’ai-je fait ? Je me sens terrifié, dépassé. Mais étonnement, je ne panique pas. Quelque chose en moi me raisonne, et me pousse à chercher une solution. À me préparer pour les inévitables questions et conséquences qu’entraineraient sa mort. Je dois agir, et vite.

Je finis par trainer le corps de mon père jusqu’à la forêt, m’éloignant suffisamment tout en cherchant à dissimuler au mieux les coulées de sang qu’il aurait laissé en chemin. Je l’abandonne là, aux bêtes sauvages qui voudraient s’en repaitre et s’occuperont du travail à ma place. Le soleil ne se lève pas avant un moment, je me précipite au ruisseau voisin et fait mon possible pour laver le sang qui imprègne le tissu. Le secret est simplement d’agir avant qu’il ne sèche trop. J’ai un peu tardé, mais je pense que cela passera suffisamment inaperçu.

Dans un état second, je me rends à la maison pour aller me coucher. De mes frères et ma sœur qui dorment encore, personne ne semble s’être aperçu de rien. Je ne trouve cependant pas le sommeil. Je pense à ma mère, morte en couche durant sa sixième grossesse. Je me demande si mon père a mérité son sort. Je m’interroge sur la suite des événements, mon frère ainé va t-il reprendre la maison et la tête de la famille ?

Beaucoup de questions m’empêchent de m’endormir. Mais pas un instant la culpabilité de cet acte ne me vient à l’esprit.

Lancer de dé : 4:4. Progression : 0

Amorce 1-2 : « Vous êtes submergé par la panique et vous mutilez l'un de vos proches, le transformant accidentellement en un monstre comme vous. Transformez un Personnage mortel aimé en un ennemi immortel. Prenez la Compétence Honteux. »

Tout le monde s’étonne de l’absence de mon père le lendemain, bien entendu. Je n’ai pas dormi de la nuit, et je ne ressens pourtant pas la moindre fatigue. Cependant, la lumière du soleil, autrefois douce et chaude, m’apparaît désormais comme agressive et mordante. Je me sens comme rôtir sous ses rayons. Pourtant, ma peau ne montre pas de signe de brûlure, j’ai juste un besoin instinctif de me mettre à l’ombre le plus fréquemment possible.

Ce qui me convient très bien, dans la forêt. À midi passé, alors que la disparition de mon père se fait plus pressante et que quelques traces de sang qui m’auraient échappé partent vers la forêt, quelques villageois décident de se grouper pour explorer les bois. Le travail des champs est trop important pour que tous renoncent à une journée de récolte, aussi un petit groupe d’hommes et de femmes s’y rendent tandis que le reste retourne au boulot, le repas pris.

Je décide d’y aller également. Je veux voir ce que le cadavre est devenu, s’il a été suffisamment attaqué par les bêtes pour me servir d’alibi. Mais surtout, je profite de l’intérêt inespéré de la belle Louise. Alors que notre expédition se sépare en binômes pour couvrir un plus large terrain, Louise se propose de m’accompagner. Nous marchons et discutons, je comprends vite que sa compagnie est essentiellement motivée par de la compassion à l’égard du risque que quelque chose de grave soit arrivé à mon père. On parle des bêtes sauvages et des bandits de grand chemin, et on appelle parfois envers les autres pour s’assurer que nous restons à des distances respectables.

Sans m’en rendre compte, je mène la marche. Sans m’en rendre compte, j’amène nos pas vers le corps de mon père. Louise pousse un cri étouffé dans sa main en voyant cela. De mon côté, je me penche et examine sa blessure. Rien, il semble qu’aucune bête ne s’en soit contenté. Les traces de dents qui se trouvent sur sa nuque ne ressemblent en rien à celles d’un loup. Louise fait même la remarque, ayant vu plus d’une carcasse auprès de son boucher de père. Cela ressemble plutôt, à ses yeux, à une morsure d’homme. Sa description me fait me rappeler des événements de la veille. Le sang vermeille qui avait coulé de sa gorge tranchée provoque encore en moi des souvenirs d’une intense satisfaction, peu avant que je sois revenu à la raison. Il me donnerait presque l’eau à la bouche.

Perdu dans mes pensées, j’ai semble t-il été sourd aux questions de Louise. Quand elle me secoue l’épaule pour attirer mon attention, je tourne la tête vers elle, encore dans mon songe. L’expression changeante sur son visage, d’incompréhension, puis de peur, me fait me demander ce qu’elle a vu. Avais-je l’air ravi, devant le corps de mon père ? Avais-je l’air gourmand ? Je réalise de suite que Louise compte crier, ou appeler à l’aide. Je ne sais pas ce qu’elle pense avoir vu sur mon visage, mais je n’avais de toute évidence pas la tête d’un innocent.

Je me rue sur elle et la renverse, poussée au sol, la main sur sa bouche. Elle cherche à se débattre, à me mordre la main, alors que j’essaie désespéramment de la calmer et lui dire que tout va bien, qu’elle n’a rien compris à ce qui se passe… Rien à faire. J’essaie de la retenir, elle se débat de toutes ses forces. Je n’ai pas assez de main pour la retenir, et fini par ôter celle qui sert de bâillon pour mieux la maîtriser. Mais si cela la bloque plus efficacement, ça ne retient plus sa bouche qui s’apprête à crier. Faute de solution, je plaque alors ma bouche contre la sienne, comme un baiser sordide, pour au moins faire ainsi sourdine. Mais la jeune femme, décidément bien bagarreuse, n’hésite pas à mordre ma lèvre jusqu’au sang.

Cela suffit. Je me redresse d’un geste, ma bouche désormais sanglante laisse tomber des gouttes de sang sur les lèvres et les dents de Louise, qui inspire un grand coup pour enfin appeler à l’aide.

Elle n’en a pas l’occasion. J’ai voulu éviter autant que possible de la blesser, la faire souffrir, mais ce n’est plus possible. Un grand coup de poing dans la mâchoire, et elle devient inerte, dans un lent gémissement plaintif. Nous voilà enfin calmes, silencieux… J’entends les cris des autres groupes qui continuent à progresser en forêt, je me signale à mon tour pour ne pas les alerter. Et, juché sur Louise, je regarde sa bouche en sang, sang qui me fait saliver rien qu’à le voir, à le sentir… Mais non. Non. Pas Louise. Mon père, pas d’importance, mais pas elle.

J’aurais peut-être mieux dû. J’ai veillé sur elle des heures durant, m’attendant à ce qu’elle se réveille après quelques minutes, mais non. J’ai craint, plus d’une fois, qu’elle ne soit morte, mais son corps bougeait toujours, par moment, comme en rêve. Ai-je frappé si fort que ça ?

Louise s’est réveillé quelques heures plus tard. Elle m’a regardé. Elle n’avait plus envie de crier. Elle a essayé de me parler, mais elle avait la voix faiblarde, sèche, et le regard paniqué. Je l’ai laissé se lever, essayer de s’expliquer calmement. Mais ça, c’était avant de croiser un binôme de recherche qui nous a croisé sur le retour des fouilles. Ils ont vu le cadavre de mon père. Ils sont vu Louise, avec la robe abimée et le sang séché sur ses lèvres. Ils n’ont pas eu le temps de demander. Louise s’est jeté sur le plus proche, et l’a mordu sauvagement au cou en agrippant à lui comme une tique sur la jambe d’un imprudent. L’homme a cherché à se dégager sans succès, ne prononçant que des gargouillis alors que ses forces l’abandonnaient. J’ai immédiatement imité Louise en me jetant sur l’autre, avant qu’il ne puisse alerter quiconque.

Nous nous sommes nourris du sang chaud de nos victimes, côte à côte. Ce fut une sensation particulièrement curieuse, et intime. J’ai cru un moment que cela nous rapprochait, même horriblement. Que cela créerait un lien, quelque chose d’unique et d’indéfectible. Je m’étonnais presque de n’avoir aucun remord, aucune morale. Ni la justice des hommes ou celle de Dieu ne semblait me faire peur sur le moment.

Je ne pouvais pas être plus loin de la réalité. Louise, sitôt « rassasiée », s’est jetée sur moi avec un cri de rage, et s’est mis à me battre avec la ferme intention de me faire du mal, voire de me tuer. J’ai cherché à la retenir et me protéger autant que possible, mais j’ai fini par me retrouver désarçonné par cette crise de colère. Je me doutais alors que Louise, en se nourrissant, avait compris ce qui s’était passé avec mon père. Et que ce qu’elle fait, est probablement quelque diabolisme que je lui ai transmis. C’était sans doute l’explication la plus convaincante.

J’ai fini par frapper Louise. Encore, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle s’écroule au sol. À sa rage ont succédé les sanglots d’impuissance. J’ai essayé de parler, de lui expliquer que je ne comprenais rien à tout ça, que nous pourrions fuir ensemble, ou que sais-je.

Louise a fini par se relever, après s’être reniflé. Je voyais dans son regard qu’elle désirait en finir avec moi avec force, mais je lui ai prouvé que j’étais bien plus fort qu’elle, et nous en avions tous les deux consciences. Je savais aussi qu’elle ne pourrait pas me dénoncer, car cela la condamnerait immédiatement aussi. Le père Damien nous brûlerait sans doute tous les deux sur un joyeux brasier, il n’est pas du genre à pardonner, tendre l’autre joue, non. Il est plutôt adepte de grandes démonstrations de force de notre Seigneur dont il prêche régulièrement dans notre petite église.

« Si tu t’approches de moi désormais, je te tue. » a t-elle lancé avec rage. Ses mots pouvaient sonner creux à ne pas être capable de s’exécuter dès à présent, mais la volonté était là, forte, brûlante.

Louise a quitté les lieux sans un mot, retournant vers le village. J’ai laissé les corps sur place et l’ai suivi quelques instants après. Nous ne pouvions pas nous éloigner trop l’un de l’autre en revenant chez nous. Il nous fallait montrer que nous étions restés en binôme. Que non, nous ne savons pas ce qui est arrivé aux autres qui ne sont toujours pas rentrés. Et que nous nous défendrions mutuellement si on se posait des questions à la découverte des trois cadavres.


Progression de la chronique

Souvenirs :

─ Je suis Valentin, fils de paysan du royaume de France au XIIIème siècle ; J’aide mon père aux champs en compagnie de mes frères.

─ Je viens au secours de François de Vilanouin, chevalier errant blessé ; je lui panse les plaies avec des herbes médicinales locales, il me récompense d’un écu d’or.

─ Je me retrouve encerclé par un groupe de loups en cherchant des baies dans la forêt ; mon bâton de marche parvient à les repousser jusqu’à ce qu’ils abandonnent, frappant vite et bien.

─ Mes regards et mes soupirs insistants à la vue de Louise ne passent pas inaperçu aux yeux du père Damien ; il me fait vivement la leçon et me conte la menace de l’enfer éternel

─ J’ai été amené devant le seigneur de Roche, ignorant que je serais le dernier d’une longue lignée de sacrifices pour son appétit diabolique ; je me suis réveillé abandonné dans la forêt face à un ours, et un cri de terreur de ma part l’a fait fuir en grondant de douleur.
─ J’ai tué mon père dans mon nouvel état, assoiffé de sang ; j’ai caché son cadavre dans la forêt
─ J’ai transformé Louise en vampire par accident alors qu’on cherchait le corps de mon père

Journal :

Personnages :

Thibault, mon père ; Paysan rude au poing facile

Père Damien ; Curé local inflexible

Louise (immortelle) ; La plus belle fille du village, désirée de tous ; Depuis que je l’ai transformé en vampire, elle me voue une haine féroce

Henri de Roche, le seigneur local et un vampire ; on le dit si cruel qu’il ne vivrait pas dans la crainte de Dieu

Compétences :

Connaissance des plantes sauvages

Maniement du bâton

Cuisine rustique

Assoiffé de sang

Honteux

Ressources :

Un bâton de marche solide

Un écu d’or

Un petit crucifix grossier en bois en pendentif

Marque :

Crier à plein poumons peut littéralement percer les tympans de ceux qui m’entourent jusqu’à les faire sombrer dans l’inconscience


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